Nerve
En voiture Simonsen
Voilà déjà quelques temps que des esprits vifs et rossards arrosent au néon tout ce qui leur passe sous la main, du jeu vidéo (Hotline Miami, Far Cry Blood Dragon) aux collants des joggeuses. Le cinéma n’échappe pas à la règle et le paroxysme fut atteint en mai dernier avec Winding Refn et son justement nommé The Neon Demon. Surfant sur la vague, Nerve, long métrage d’Ariel Schulman et Henry Joost ne fleure rien de bon avec son esthétique criarde. Ça pique les yeux et l’on prédit déjà, telle une Christine Haas des bons jours, le score électro. Car Fluo = Électro, c’est bien connu.
Aux platines, Rob Simonsen qui nous avait laissé groggy mais heureux, dans la brume pesante de Foxcatcher avant de nous perdre dans des travaux plus ennuyeux (Adalia, Burnt). Dans Nerve, pas de lutteurs musculeux mais une adolescente pimbêche à la recherche du grand frisson. Pour nourrir ses pulsions, un jeu du stop ou encore version 2.0 qui l’amènera à bourlinguer en compagnie du frangin de James Franco, Dave. Un scénario qui ne poussera pas Rob Simonsen à bouleverser l’immuable règle. Fluo = Électro.
Le choeur sur la main
Si l’on pouvait craindre un score paresseux, il n’en est rien. Les plus belliqueux crieront au déjà vu mais la composition, à défaut d’être entièrement originale, est réjouissante et se permet même de varier les plaisirs. Simonsen semble heureux comme un gosse et attaque sans complexe un film qui autorise, par son esthétique et son sujet, les excès tape-à-l’œil.
Et ce n’est pas foutraque pour autant. Le chœur porte la première partie de l’album et guide souvent l’écoute avec retenue (Staten Island, Lighthouse) nous amenant sans surprise mais non sans plaisir au point de rutpure, Night Drive. Ici, la voix se libère, entrainant nos esgourdes dans une balade pop et sucrée savamment calibrée. Deux pistes plus tard vient Verrazano, prêt-à-écouter qui n’a rien d’italien, efficace et qui mérite de lancer une deuxième partie plus terne.
Simonsen aime jouer avec nos nerfs. Après quelques soupirs et bâillements, nous arrivons péniblement à ce qui semble être un évitable remix. Pourtant, The Sun’s Gone Dim (de Jóhann Jóhannsson compositeur attitré de Denis Villeneuve) est en réalité une rampe de lancement idéal pour le petit bijou de l’album, Aftermath. Il faut être client des accouchements douloureux et des ascensions poussives mais quel bonheur de trôner sur un sommet qui récompense le brave auditeur. N’en profiterons pleinement que les baroudeurs passés par le chemin de croix qui s’étend de la piste 12 à 17. Le mauvais Let’s Play, bonus track qui clôture l’album façon Katy Perry du pauvre, n’arrivera pas à gâcher notre plaisir. Nervé ? À peine. Content oui.